27/08/2002

Sondage ekos
Les libéraux récupèrent les appuis perdus

Joël-Denis Bellavance
La Presse
Ottawa

La décision de Jean Chrétien de quitter la vie politique en février 2004 ravit les Canadiens à un point tel que les libéraux ont réussi en moins d'une semaine à reconquérir tout le terrain perdu dans la faveur populaire pendant les trois mois qu'a duré la bataille sans merci entre le premier ministre et l'ex-ministre des Finances, Paul Martin.

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Paul Martin seul en tête





En effet, 67% des Canadiens appuient la décision de M. Chrétien de gouverner le pays pendant encore 18 mois avant de tirer sa révérence et seulement 25% s'y opposent, révèle un sondage réalisé par la firme Ekos dans les jours qui ont suivi l'annonce des intentions de M. Chrétien.

Cet appui est plus important encore chez ceux qui soutiennent le Parti libéral: 72% croient que M. Chrétien a pris la bonne décision en annonçant dès la semaine dernière son projet de retraite. Fait à noter, le quart des Canadiens qui s'opposent à la décision de M. Chrétien le font dans une forte proportion (77%) parce qu'ils voudraient le voir partir plus tôt.

Ce sondage, réalisé pour le compte de La Presse, The Toronto Star et Radio-Canada du 22 au 25 août, démontre en outre que les libéraux dominent à nouveau largement leurs adversaires politiques maintenant que la guerre intestine semble terminée au sein du Parti libéral.

Si des élections avaient lieu aujourd'hui, 53,1% des Canadiens voteraient pour le Parti libéral, ce qui représente une avance de près de 40 points sur le Parti conservateur, qui arrive deuxième dans la faveur populaire à 14,7%.

L'Alliance canadienne dirigée par Stephen Harper est en nette régression dans les sondages depuis quelques mois, n'obtenant plus que 10,5% des intentions de vote, tandis que le NPD arrive bon dernier à 10,6% des appuis.

Au Québec, le Parti libéral jouit de l'appui de 47% des personnes interrogées tandis que le Bloc québécois demeure le premier choix de 34% des gens.

Au plus fort de la crise entourant le leadership de M. Chrétien, les libéraux ont vu leur appui dans les sondages descendre à 40% à l'échelle du pays, un score semblable aux élections de novembre 2000 qui leur aurait tout de même assuré une autre majorité à la Chambre des communes.

«La décision du premier ministre de partir en février 2004 est bien accueillie par les Canadiens d'autant plus qu'elle semble avoir mis fin à la guerre intestine. Cette décision a aussi permis aux libéraux de rebondir de façon remarquable dans la faveur populaire», a expliqué Frank Graves, président de la firme Ekos.

M. Graves a expliqué ce bond impressionnant des libéraux dans les sondages en disant que les Canadiens s'attendent dans une forte proportion à ce que Paul Martin devienne le prochain chef du Parti libéral.

«La date de départ choisie par M. Chrétien est vue comme un compromis raisonnable par l'électorat, notamment par ceux qui appuient le Parti libéral», a commenté M. Graves, qui croit que de tels résultats convaincront les partisans de Paul Martin de ne pas forcer M. Chrétien à passer le flambeau plus rapidement.

La suprématie des libéraux est manifeste dans toutes les régions du pays, particulièrement en Ontario qui détient 103 des 301 sièges à la Chambre des communes. Dans cette province où les libéraux de Jean Chrétien ont raflé la quasi-totalité des sièges lors des trois dernières élections, le Parti libéral récolte 64% des intentions de vote, le Parti conservateur 17%, le NPD 9% et l'Alliance canadienne 8%.

En Colombie-Britannique et en Alberta, deux provinces reconnues comme un château fort de l'Alliance canadienne, les libéraux obtiennent respectivement 48% et 34% des intentions de vote, des résultats qui les placent en tête devant les autres formations politiques. L'appui au Parti libéral atteint 50% au Manitoba et en Saskatchewan et 49% dans les Provinces atlantiques.

En fait, l'avance des libéraux est telle qu'ils pourraient facilement remporter quelque 250 sièges aux prochaines élections si elle se maintient et si Paul Martin succède, comme prévu, à Jean Chrétien à la tête du Parti libéral.

«En général, les Canadiens sont soulagés de voir que la chicane interne au Parti libéral est terminée et que cela n'a pas causé de dommages permanents», a commenté M. Graves.

Ce sondage Ekos a été réalisé auprès de 1210 personnes et comporte une marge d'erreur de plus ou moins 2,8%, 19 fois sur 20. Au Québec, 307 personnes ont été interrogées et la marge d'erreur s'élève à 5,7%.