
08/06/2002
Avec Jean Chrétien, les libéraux auraient quand même été
réélus haut la main
La préférence va à Paul Martin
Gilles
Toupin
La Presse
Ottawa
La grande majorité des Canadiens croient que l'ex-ministre des Finances,
Paul Martin, limogé dimanche dernier, a été traité très injustement par le
premier ministre Jean Chrétien et que ce dernier devrait démissionner avant les
prochaines élections.
Martin
conserve le portefeuille de la popularité
Les
Québécois favorisent l'ex-argentier
Les
Canadiens favorables au régime de deux mandats
Mais, même s'il
restait en poste, indique un sondage Ekos commandé par La Presse,
Radio-Canada et le Toronto Star, les libéraux fédéraux remporteraient des
élections générales haut la main, soit avec 49,9% des voix, ce qui constitue un
gain de 9% par rapport aux élections de novembre 2000.
Le sondage,
réalisé entre le 4 et le 6 juin auprès de 1225 personnes, conclut que 57% des
Canadiens sont persuadés que Paul Martin était un excellent ministre des
Finances et que son renvoi est tout à fait injuste. Même chez les partisans du
Parti libéral du Canada, ce constat domine puisque 56% disent aussi que M.
Martin a été traité injustement. Quant aux Canadiens qui souhaitent le départ de
Jean Chrétien avant le prochain scrutin fédéral, ils représentent 60% de la
population. Chez les électeurs qui votent libéral, 48% souhaitent le départ de
M. Chrétien contre 47% qui ne le souhaitent pas.
La désapprobation à
l'égard de la conduite du premier ministre face à son ministre atteint les 71%
alors que 57% des personnes interrogées appuient la conduite de Paul Martin.
Mais, malgré le blâme et la désapprobation à l'égard de la manière forte
utilisée par Jean Chrétien contre son éternel rival, la position du Parti
libéral dans les sondages ne décline pas, même qu'elle a augmenté de 4,9 points
depuis le sondage Ekos réalisé la semaine dernière. Les partis d'opposition ne
tirent nullement partie de la zizanie qui s'est installée au sein du caucus
libéral à Ottawa. L'Alliance canadienne se situe à 33 points derrière les
libéraux avec 16,5% des intentions de vote, contre 12,6% pour le PC, 10,8% pour
le NPD et 7,9% pour le Bloc québécois.
De toute façon, il n'y a que 30%
des personnes interrogées qui croient qu'un parti d'opposition pourrait former
un gouvernement compétent au Canada. En outre, 50% des Canadiens estiment
qu'aucun de ces partis n'est apte à gouverner pour l'instant, malgré les
difficultés rencontrées dernièrement par les libéraux.
C'est à Paul
Martin que semble le plus profiter la crise. Lorsqu'on demande aux électeurs
quelle est la probabilité qu'ils appuient le Parti libéral du Canada si Jean
Chrétien ou M. Martin en est le chef, seulement 43% des personnes consultées
disent qu'il est probable ou un peu probable qu'elles appuient le PLC si M.
Chrétien en demeurait le chef alors que le pourcentage est de 66% dans le cas de
M. Martin.
Même si le PLC ne semble pas avoir été touché au cours de la
semaine par la crise au sein de son aile parlementaire, la cote d'approbation du
gouvernement Chrétien a sensiblement chuté, elle, au cours de cette période. Ils
sont en effet seulement 41% à croire que le gouvernement du Canada, à court
terme, est sur la bonne voie alors que ce pourcentage était de 54% la semaine
dernière, une chute dramatique de 13 points. Et de plus en plus de Canadiens
(46%) pensent maintenant que le gouvernement s'est engagé sur la mauvaise voie,
contre 37% la semaine dernière.
Paradoxalement, même si cela ne lui
attire guère de sympathies comme le démontrent l'ensemble des indicateurs du
sondage, la majorité relative des électeurs (38%) croient que Jean Chrétien, en
tant que chef de gouvernement, n'avait pas d'autre choix que d'agir de la sorte.
Seulement 26% pensent qu'il aurait pu faire autrement.
Enfin, le nouveau
ministre des Finances, John Manley, ne semble pas pour l'instant créer
l'unanimité sur sa capacité à gérer ce portefeuille. Vingt-six pour cent
seulement des personnes consultées pensent qu'il est capable d'être un solide
ministre des Finances, alors que 21% sont d'avis contraire.